Ennio Morricone, il maestro
Plus qu’un musicien, un mythe. Un compositeur comptant plus de cinq cents partitions à son actif et dont le nom, connu par différentes générations et sur plusieurs continents, reste lié à des dizaines de chefs-d’œuvre de l’histoire de la musique de films mérite l’épithète. Lumière 2009 au travers de Sergio Leone rend aussi hommage à Ennio Morricone.
Né en 1928 à Rome, Ennio Morricone acquiert une formation classique à l'Académie Santa Cecilia où il étudie la trompette. A l’aube des années 50, il signe ses premières compositions : pour la RAI d’abord, où il fait ses débuts puis pour différentes maisons de disques. Il composera ensuite pour la télévision sous le pseudonyme de Dan Savio, avant de devenir arrangeur pour la variété, croisant ainsi la route d’artistes comme Gino Paoli, Gianni Morandi, Dalida ou Charles Aznavour.
Morricone compose pour le cinéma dès 1961 mais c’est sa rencontre avec Sergio Leone —qu’il a connu sur les bancs de l’école— qui va lui permettre de donner libre cours à son talent pour le grand écran. Leur première collaboration, Pour une poignée de dollars (1964) — dans lequel il est crédité sous le nom de Léo Nichols — est également leur premier succès commun. A l’ère des Bernstein ou des Tiomkin, incontournables traducteurs musicaux du western, Morricone bouleverse les codes du genre en introduisant des sonorités nouvelles. Son audace est payante, l’utilisation de guitares électriques et l’emploi d’un siffleur dans la bande-son du film font mouche. La carrière du Maestro est lancée.
Très vite, et toute sa carrière durant, les plus grands noms du cinéma italien vont faire appel à lui. Bernardo Bertolucci, pour des films majeurs (Prima della revoluzione (1964), et 1900 (1976), Pier Paolo Pasolini, dont les sujets, chaque fois plus controversés, sont illustrés par des mélodies de plus en plus épurées (Des Oiseaux petits et gros (1966), Théorème (1968) Salo ou les 120 journées de Sodome (1975), ou encore Mauro Bolognini (La Grande Bourgeoise, 1974). La liste peut se dérouler à l’infini : collaborations avec Giuseppe Tornatore (Cinema Paradiso, 1989), les frères Taviani (Allonsanfan, 1973), Luigi Comencini (La Femme du Dimanche, 1976), Mario Monicelli (Voyage avec Anita, 1979) ou encore Gillo Pontecorvo (Queimada, 1970)...
Tous s’arrachent le compositeur en vogue dont la fidélité est une constante. Travailleur acharné, Morricone acquiert la reconnaissance de ses pairs. A l’instar du réalisateur, son nom apparaît à l’affiche mais ce n’est véritablement qu’en la personne de Sergio Leone qu’il va trouver un double cinématographique. Père du western à l’italienne, l’autre Maestro est le premier à saisir l’univers musical de Morricone. Malgré leurs différences — l’un est aussi volubile que l’autre est taciturne — les deux hommes parlent un langage identique. Celui de la musique. Le réalisateur la considère comme un langage à part entière, fait rarissime pour un homme d’images. Le cinéaste est parfaitement en phase avec l’écriture innovante du compositeur. « Morricone est mon meilleur dialoguiste », reconnaîtra Leone. Dans Le Bon, la brute et le truand (1966), point de classicisme pour illustrer la fameuse quête au trésor dans le grand Ouest mais des bruitages, des sifflets, quelques staccatos au piano, et un cri récurrent qui ressemble à celui du coyote. Le succès est immédiat. Les demandes affluent du monde entier mais c’est tout d’abord avec la France que naît une histoire d’amour.
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Ennio Morricone © DR / Coll. Institut Lumière

Ennio Morricone avec Sergio Leone en 1985 et avec Clint Eastwood en 2007 © DR / Coll. Institut Lumière